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jmbarga

5 RAISONS CRUCIALES DE CREER ET DE MULTIPLIER DES MUSEES DU FOOTBALL AU CAMEROUN

December 8, 2022 by jmbarga

Où sont passés nos trophées gagnés lors des différentes CAN ?

“Que sont-ils devenus ?” pour reprendre le titre d’une célèbre émission de télévision. Ils ne sont pas nombreux les Camerounais qui ont une information précise des lieux où ils peuvent  revenir sur les exploits de notre équipe nationale de foot ou celles des différents clubs camerounais dont l’histoire a marqué notre continent tout entier. À supposer que ces lieux de souvenirs sportifs existent, ils ne sont connus que de quelques personnes privilégiées. Et voilà que le foot, sport populaire par excellence, se retrouve réservé à une élite.

Nous devons multiplier des espaces permettant à tous de revivre les exploits produits par le foot, à la fois pour le côté ludique, pour garder et entretenir l’esprit de gagne et pour nourrir notre mémoire collective.

Rassembler Davantage Les Camerounais

Plus que tout autre sport ou activité, le football mobilise les Camerounais derrière leur équipe nationale lors de grandes compétitions continentales ou mondiales. C’est le moment où nous laissons nos petites divergences pour produire un discours fédérateur. Nous louons nos joueurs, ces héros, et blâmons nos adversaires du jour ou de la période.

L’engouement des Camerounais pour le ballon rond est constant et s’amplifie même au fil du temps. On a pu le voir récemment, lors de la dernière CAN. Des personnes jusque-là réfractaires aux activités et autres discussions footballistiques se sont passionnées pour la compétition. Pour certains, l’excitation augmentait à mesure que les Lions Indomptables avançaient dans le jeu.

Il s’en suit qu’il est essentiel de prolonger cet engouement commun. Et amplifier cette harmonie. Nous devons multiplier en dehors des stades les lieux de rassemblement et de célébration du football et de ses valeurs. Des endroits qui prolongeront la communion entre Camerounais.

Multiplier Les lieux De Mémoire à Travers Le Pays

Célébrons-nous suffisamment les personnes qui ont marqué en bien la marche de notre pays ? Prenons-nous le temps de mesurer l’impact qu’elles ont eu dans le devenir de notre nation ? Quelle place leur réservons-nous dans notre marche que nous espérons glorieuse vers le futur ?

Vu l’importance prise par le foot chez nous, les musées peuvent devenir des lieux de mémoire avec les différents objets qu’ils sont capables de renfermer. Ces endroits inspireraient du reste nos villes, nos communautés et notre pays tout entier pour prendre au sérieux la question des repères de la nation au travers d’empreintes tangibles et intangibles. Il sera plus facile de partir d’un sujet suscitant un grand intérêt pour avancer vers d’autres thématiques. Voilà comment nous devenons capables de dire chaque jour qui nous sommes et d’où nous venons. C’est aussi là que des touristes viendront s’imprégner de notre vie, d’un peu de notre culture et de notre histoire.

On insistera jamais assez sur la nécessité de bien entretenir des objets de valeur que nous avons l’heur de détenir aujourd’hui, qu’ils s’agissent d’infrastructures ou de trophées. Et puis qui peut connaître l’impact qu’aura sur un enfant la vue et la contemplation des godasses chaussées par le légendaire gardien de but Thomas Nkono lors d’un match épique ? Dans un musée, l’écoute d’un reportage fougueux d’un journaliste convaincra peut-être la fillette ou le garçon fasciné par ledit reportage d’embrasser à son tour le métier de journaliste spécialisé(e) dans le sport.

Dynamiser l’Économie Du Sport

C’est un fait : les victoires boostent le moral des agents économiques. Si l’euphorie des succès lors de grandes compétions internationales permet généralement aux pays vainqueurs de regagner une certaine confiance, les spécialistes spéculent très souvent sur l’incidence réelle pour l’économie. On s’accorde toutefois sur le fait qu’il y a habituellement une inflexion à la hausse de l’économie, aussi légère soit-elle. Preuve que l’impact du sport en général et du football en particulier sur l’économie est concrète.

C’est dans ce contexte que les revenus générés par les visites de musées dédiés au foot – au niveau des clubs, des villes ou à l’échelle du pays -, peuvent contribuer à l’économie du sport qui prend de l’ampleur de jour en jour. Faire vivre notre riche histoire footballistique peut dynamiser de façon progressive l’économie du sport de façon globale.

Les musées de football au Cameroun pourraient aussi rassembler dans ces différents lieux les nombreux écrits des auteurs locaux et d’ailleurs sur ce jeu. Question de prolonger la réflexion sur les enjeux et l’impact de ce sport. Par exemple, que sont devenues les thèses avancées par le centralien Emmanuel Bityéki dans son ouvrage ‘Fondements mathématiques du football” ? Les théories de ce livre sont-elles toujours d’actualité ?

Augmenter l’Offre De Loisirs Sains

Nous devons renforcer les loisirs sains dans nos cités. C’est en multipliant les activités et en présentant à la jeunesse plusieurs types de modèles qu’elle choisira ceux qui lui conviennent le mieux. Un petit tour au Musée Maritime au quartier Bonanjo à Douala prouve à loisir que lorsqu’on présente au public des activités originales, les visiteurs répondent présent.

Si les musées de football créé des expériences uniques à travers le pays, le succès sera au rendez-vous. Et créer des expériences originales et peu coûteuses est tout à fait possible aujourd’hui. L’utilisation de la technologie par exemple permet de présenter des parcours interactifs. Gamification et réalité virtuelle plongent les visiteurs dans divers lieux saisissants de réalisme.

Pour le reste, les musées pourraient présenter des trophées réels, des replicas divers, des hall of fame. Des exhibitions et autres expositions temporaires compléteraient le tableau. Et puis, il y a ces nombreux artistes ayant travaillé dans le domaine du football : photographes, sculpteurs, peintres et autres écrivains. Ces créateurs trouveraient dans les différents musées dédiés au foot des espaces propices pour présenter leur travail et trouver un public attentif.

Préparer Les Victoires Futures du Pays

Les musées de foot au Cameroun vont entretenir le culte de l’effort et ce mental de gagnant (hemlé) qui se transmet de génération en génération. Les aspirant(e)s à la pratique du foot auront à cœur de suivre le modèle flamboyant des aînés.

Il en vient que ces lieux ludiques initieront à leur façon la construction des victoires futures. Tous les visiteurs se frotteront aux valeurs morales des règles du jeu de ce sport collectif où on obtient une victoire grâce à la synergie des énergies individuelles.

Enfin, on se souviendra des défaites pour tirer les leçons utiles. On se remémorera les drames avec l’espoir et la ferme volonté de tout mettre en œuvre pour ne faire triompher que la joie de jouer et le plaisir de voir jouer.

Redisons-le : il est important de bien conserver nos trophées et d’entretenir le souvenir de nos exploits au foot comme ailleurs. Nous devons mettre sur pied des musées de football un peu partout dans le pays. C’est ainsi que les Camerounais continueront à se rassembler autour des icônes qui ont marqué l’histoire du football chez nous. La célébration de nos héros et l’entretien des lieux de mémoire dynamisera l’économie du sport et préparera les victoires ultérieures tout en offrant aux citoyens une offre plus variée de loisirs. De quoi donner de la joie aux adultes et faire briller les yeux des enfants.

Donnons le coup d’envoi sans plus attendre !

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Des Points Communs Entre Le Football Et La Littérature

December 1, 2022 by jmbarga

C’est vrai….

À l’heure où la planète entière vibre au rythme du football, faire un rapprochement de ce sport avec la littérature peut paraître surprenant.

Et pourtant, en regardant les choses de près, l’on s’aperçoit très vite que le football et la littérature partagent de nombreux points communs. De tout temps, les écrivains ont été captivés par le ballon rond. Et, au-delà du fait que les deux métiers réussissent à agréger une large gamme d’émotions, les virtuoses du foot et de l’écriture ont de nombreuses similitudes.

Écrire Un Roman Est Semblable À Un Entraînement De Foot

Écrire un livre nécessite de travailler un certain temps dans l’anonymat. On répète les mêmes actions : rédiger une phrase, la corriger, l’améliorer ou la déplacer ici ou là dans le manuscrit. Un peu comme à l’entraînement de foot où l’on refait les mêmes exercices pour préparer une attaque ou défendre en ligne le cas échéant.

Rédiger un gros livre peut être aussi exténuant que parvenir au bout d’une grande compétition sportive. Pendant le processus, on y met ses forces de la première phrase du premier chapitre à la toute dernière de la scène finale, à la manière du défenseur qui ne lâche rien de la première minute du premier match à la l’ultime seconde de la rencontre qui donne la victoire finale.

Avant d’arriver à la rédaction proprement dite d’un roman par exemple, on prend le temps d’apprendre en gardant à l’esprit les modèles auxquels on souhaite ressembler. Dans le foot comme dans les belles-lettres, l’imitation n’est pas une limitation. L’écrivain camerounais Réné Philombe (Philippe Louis Ombedé) dit à ce propos : ” Moi aussi, j’ai imité avant d’atteindre une certaine imitation différentielle, l’instant qui précède la libre création où l’élève est totalement affranchi. Après, on crée véritablement.”

Le Football Fascine Les Écrivains

Dans un article au journal Libération, Mongo Beti raconte comment dans les années 30, il fabriquait des ballons de foot. J’ai lu quelque part qu’Aimé Césaire aimait le ballon rond et qu’il avait été un bon gardien de but ; il en est de même pour l’écrivain camerounais Eugene Ebodé qui a gardé la cage du club Dragon de Douala et a même été un international junior. Je ne sais pas si les écrivains ont une prédilection pour le poste de gardien de but puisque Albert Camus n’est pas étranger à ce poste, lui qui a joué au Racing Universitaire Algérois et qui affirme : « Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football.”

À première vue, on serait pourtant tenté de trouver antinomiques le foot et la littérature, dans une sorte d’opposition entre d’une part le corps viril et parfois capable de violence et d’autre part la finesse ou l’élégance cérébrale des bons mots. En réalité, les écrivains se sont toujours passionnés pour le football, certains l’ont pratiqué, d’autres ont écrit sur ce fabuleux sport. Il serait sans doute fastidieux d’énumérer ici tous les livres qui tournent autour du football, même seulement dans le cadre de la fiction.

Peut-être que la fascination particulière qu’exerce le football sur les auteurs tient au fait ces derniers sont en admiration devant des gestes techniques ingénieux et dont ils pourraient se souvenir au moment de rédiger la fameuse phrase qui sera aussi majestueuse qu’un lob de Vincent Aboubacar.

Le créateur génial utiliserait sa tête pour trouver l’inspiration chez le talentueux artiste du pied. Un génial contre-pied ?

Le Football et La Littérature Transmettent Des Émotions

Le monde du foot comme celui de la littérature est celui de la passion et des émotions fortes. Dans un livre, un univers s’ouvre à nous. Nous devenons des spectateurs des personnages qui prennent vie sous nos yeux. Au football, nous sommes aussi témoins dans des tribunes ou devant la télé de cette séquence de vie dans laquelle des personnes se déploient sur un terrain avec un ballon. Presque tout le monde connaît les règles du football, chacun est capable du moins de savoir quand une équipe a marqué un but. Et qui ignore les règles d’un roman dont il suffit simplement d’ouvrir la première page et de suspendre le jugement moral comme le rappelle Milan Kundera ?

À la fin du match ou après la dernière phrase, l’imagination prend le relais. C’est ainsi qu’on continuera de faire des commentaires sur les traits de caractère d’un personnage qui ne nous quitte pas, ou alors pour ce qui est du ballon rond, on parlera encore et encore de la vitesse d’exécution d’un attaquant ou des parades épiques d’un gardien de but. Et on peut avoir des regrets : ah, si seulement dans le roman, tel protagoniste avait anticipé tel événement ou bien, si seulement le milieu de terrain de son équipe favorite était allé au contact du joueur adverse sur le corner. Comme les choses auraient été différentes alors !

Bref, on refait le match ; on refait le monde. On s’identifie à des héros et on entretient des légendes et… parfois des chimères.

Littérature Et Football Sont Des Industries Populaires Et En Perpétuelle Évolution

Au départ, pour taper sur un ballon, on n’a pas besoin de chaussures avec crampons. De la même manière, il n’est point nécessaire d’avoir le plus gros ordinateur pour taper le texte d’un bestseller. Contrairement à de nombreux domaines, la littérature et le football sont presque accessibles à tous !

Comme les belles-lettres, le ballon rond dit de nombreuses choses sur les époques. Avec le libéralisme et la mondialisation, certaines pratiques se généralisent. Dans certaines géographies, le transfert des stars de la littérature d’une maison d’édition à une autre se fait désormais à coups de millions. Autre similitude, des agents travaillent avec les écrivains comme leurs confrères encadrent les joueurs. Par conséquent, si certains observateurs trouvent que les schémas tactiques à l’infini amoindrissent le talent brut de certains joueurs particulièrement doués, d’autres remarquent que certains écrits, – surtout dans la fiction dite populaire – manquent d’un brin de folie à force de suivre des canevas prédéfinis.

Investir Sur La Littérature Comme Sur Le Foot


À l’énumération des nombreux points entre le football et la littérature, on pourrait pousser l’analyse vers d’autres aspects pour ce qui est de notre pays. Par exemple, ces dernières années, de nombreux efforts consentis pour développer le football. Ce sont des actions à encourager. Mais aujourd’hui, il faut aussi construire de splendides bibliothèques sur l’étendue du territoire national à l’instar des grands stades de football dont le maillage va croissant dans les régions.

De même, maintenant que l’on travaille de manière sérieuse à obtenir un championnat local performant, à multiplier des académies et autres structures pour former les champions de demain, l’on doit mettre en place de structures efficace avec des parties prenantes pertinentes pour rendre plus performante l’industrie locale du livre.

C’est de cette manière que le Cameroun continuera à rester le pays de Mongo Beti et de Roger Milla. C’est ainsi qu’au fin fond de l’un de nos quartiers, un enfant continuera de rêver à la vue d’un ballon de football ou en contemplant la couverture chatoyante d’un livre, avant d’exploser à la face du monde.

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4 Livres Époustouflants Que J’ai Lus En  Écrivant Le Roman Derrière Le Sourire Du Masque

August 12, 2022 by jmbarga

Il y a des auteurs de fiction qui arrêtent de lire pendant qu’ils écrivent. Ils souhaitent se mettre à une distance raisonnable de toute influence d’autres écrits pour être entièrement à l’écoute de leur authentique voix intérieure. Ils évitent de lire de la fiction, mais peuvent aussi inclure dans leur restriction des livres de non-fiction. 

Moi, je continue allégrement de lire toutes sortes d’ouvrages même lorsque je suis en plein travail créatif, d’autant que je pense que lecture et écritures sont deux activités complémentaires.

Je me rappelle donc très bien de quatre livres que j’ai adorés lire avant d’entamer la rédaction de mon roman Derrière le sourire du masque ou pendant que j’étais déjà en train de l’écrire.

Les Damnés De la Terre (Frantz Fanon)

J’ai longtemps conservé une citation de Frantz Fanon que j’avais recopiée quelque part : « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte. » Ce n’est que plus tard que j’ai lu le très célèbre  ‘Peau noire, masques blancs’ d’où est tiré ce fragment.

Mais c’est Les damnés de la terre qui est présenté comme le testament politique de Frantz Fanon, lui qui rêvait d’une libération totale des peuples et des individus opprimés. L’avènement d’un ‘homme neuf’, fil d’Ariane de cet ouvrage, est plus que jamais d’actualité chez nous.

 Il est frappant de voir que Frantz Fanon a écrit en quelques années 4 livres majeurs – en plus de ses écrits journalistiques – et qu’il est décédé à l’âge de 36 ans seulement. D’ailleurs, le livre a paru quelque temps avant sa mort. L’homme aura ainsi connu une vie courte mais un parcours dense et flamboyant !

Une citation tirée du livre : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »

L’Art Et L’Artisanat Africains (Engelbert Mveng)

Je me souviens encore aujourd’hui, des messes tranquilles de cinq heures du soir à la Cathédrale Notre Dame Des victoires de Yaoundé. Tout petit, j’étais fasciné par la mosaïque derrière l’autel et j’avais déjà appris à l’époque qu’elle avait été conçue par le révérend Père Engelbert Mveng.

Je n’ai pas eu la chance de lire le recueil de poèmes Balafoncomme certaines générations de lycéens. C’est pendant des recherches sur l’écriture de mon roman que j’ai décidé de m’intéresser au livre du brillant intellectuel camerounais intitulé ‘L’art et l’artisanat africains’.

Un des points captivant dans la lecture de cet ouvrage est le fait que son auteur rétablit le sens donné à la fabrication de certains objets dans nos terroirs. Par exemple, il s’appesantit sur la fonction liturgique des masques qui étaient généralement réalisés par des personnes initiées. Engelbert Mveng était aussi un historien chevronné, et dès lors il replace de manière didactique et logique certains faits dans leur contexte.

Une citation tirée du livre « L’artisanat africain ne doit pas être relégué dans les musées ni être réduit à la fabrication en série d’objets utilitaires et laids »

Il s’appelait Sankara (Sennen Andriamirado)

Voici un livre que j’ai acheté un jour chez un bouquiniste ambulant quelque part dans un tournedos. Vous connaissez bien ces situations où le vendeur arrive et vous vante si bien le contenu d’un ouvrage qu’il parvient à vous distraire de votre poisson braisé…

 L’ouvrage raconte avec force détails les événements du 15 octobre 1987 au Burkina Faso qui ont conduit à l’élimination brutale de Thomas Sankara et au traumatisme de nombreux Africains qui suivaient de près la manière dont se déroulait la révolution entamée en 1983. La vision puissante, les actions concrètes et les résultats probants obtenus par Sankara durant son bref pouvoir traversent le livre de part en part et on ne peut que se demander ce qui serait passé si l’idéal initial de la révolution avait vécu.

 Sennen Andriamirado, l’auteur du livre, a travaillé à Jeune Afrique et a écrit, entre autres, deux ouvrages importants sur Thomas Sankara. En lisant ‘Il s’appelait sankara’, on sent que la personnalité et les idées de l’ancien homme fort du Faso avaient manifestement marqué le journaliste malgache décédé en 1997.

Une citation tirée du livre: « Il est certain que Sankara, visionnaire, a vu quelques mirages. Mais l’espoir qu’il a suscité, en particulier parmi les jeunes Africains, fût-ce au nom d’un idéal irréalisable, en a fait un mythe. En le tuant, ses assassins ont contribué au mythe »

Décoloniser L’Esprit (Ngugi wa Thiong’o)

Il y a plusieurs années, en déambulant dans les allées du Salon du Livre de Paris, je m’étais arrêté sur le stand ‘Livres et auteurs du Bassin du Congo’. C’est là que je suis tombé sur le livre Décoloniser L’Esprit de Ngugi wa Thiong’o. 

C’est un petit essai robuste dont la lecture est instructive pour tout auteur africain. D’ailleurs, c’est grâce à ce livre que je suis allé lire Les damnés de la terre puisque Ngugi wa Thiong’o estime qu’il s’agit d’un livre primordial pour tout écrivain africain. Décoloniser L’Esprit est pour son auteur l’ouvrage auquel il dit « adieu à l’anglais », l’écrivain ayant décidé d’utiliser désormais sa langue maternelle dans ses textes. Pour lui en effet, les cultures africaines sont en danger et nos langues ont un rôle important à jouer pour nous permettre de rester en contact avec nous-mêmes.  

Ngugi wa Thiong’o, seul auteur encore vivant de notre liste, est l’exemple même de l’écrivain engagé avec une œuvre riche et variée.

Une citation tirée du livre : « Chaque langue en tant que culture est la mémoire de l’expérience collective d’un peuple à travers l’histoire. Pas de culture sans langue pour permettre son apparition, sa croissance, sa sédimentation, son explication et sa transmission de génération en génération. »

Et Aujourd’hui ?

En plus de leurs idées, les auteurs ou les personnages évoqués dans les livres énumérés dans cet article sont ou ont été des hommes d’action. Les fresques et autres objets d’art d’Engelbert Mveng embellissent de nombreux espaces à travers le monde. Ngugi wa Thiong’o a de manière pratique commencé à écrire en kikuyu.

Quant à Thomas Sankara et Frantz Fanon, ce sont des personnalités qui ont consacré leur vie relativement courte à la poursuite d’un idéal. En étudiant le parcours de ces deux avant-gardistes, il me vient à l’esprit cette citation de Martin Luther King, une autre personnalité active : «Tant qu’un homme n’a pas découvert quelque chose pour lequel il serait prêt à mourir, il n’est pas à même de vivre. »

Il n’est pas surprenant qu’il y ait un engouement pour les idées de ces visionnaires par les nouvelles générations. Et par toutes les personnes qui sont en quête d’authenticité aujourd’hui.

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Douala, La Tech Et Les Objets Pillés

August 5, 2022 by jmbarga

Notes Sur l’Écriture Du Roman ‘Derrière Le Sourire Du Masque’

Il y a une citation de Tony Morrison que j’aime bien : « Si vous voulez lire un livre, mais qu’il n’a pas encore été écrit, vous devez l’écrire. »

Cette citation a dû m’habiter alors que l’idée d’écrire ‘Derrière le sourire du masque’ était encore embryonnaire. Je souhaitais que le roman se déroule dans des contrées que je maîtrise en abordant des thématiques qui me sont familières.

J’ambitionnais de déambuler avec mes personnages dans les rues de Douala en les suivant particulièrement dans ce monde technologique dont on croit à tort qu’il n’existe pas chez nous. Avec l’écriture du roman, je cherchais aussi à comprendre la manière par laquelle nos richesses patrimoniales se sont retrouvées en errance à travers le monde et comment nous pouvons nous organiser au mieux pour leur retour.

LA VILLE DE DOUALA

Pour moi, il n’y existe nulle part ailleurs un lieu aussi empli de vie que Douala. Tout y est : les personnages haut en couleur, les odeurs de toute nature, les plats les plus appétissants ou les discussions enflammées. Tous les sens sont sollicités ! Et il faut parfois faire usage du sixième pour éviter une sordide mésaventure ou, à contrario, tomber sur une affaire ou une personne en or.

Il m’arrive souvent en marchant ici et là d’écouter les gens parler et les conversations sont tellement originales avec des répliques bien à propos qu’on se croirait déjà dans une scène de film, dans une pièce de théâtre ou… entre les pages d’un roman.

Loin des images d’Épinal, la ville de Douala est difficile à saisir totalement. Comment en effet cerner l’âme de cette cité qui va de l’extravagance débridée des rues agitées à la poésie d’un coucher de soleil idyllique que l’on contemple du haut d’un balcon par un calme après-midi d’un quartier résidentiel ?

‘Derrière le sourire du masque’, c’est un peu le roman de la somme de mes déambulations dans les coins et recoins de Douala. Je n’aime rien tant que de me promener ici et là, me perdre et me retrouver, scruter des endroits connus, inconnus ou improbables dont je me réjouis plus tard d’avoir fait la découverte. À ce propos, j’affectionne le mot anglais de ‘wander’ que l’on traduit en français par errer, « vaguer de côté et d’autre, aller çà et là à l’aventure ».

LA TECH

L’environnement Tech est très dynamique au Cameroun. On n’en est pas assez conscient à mon avis. Cela peut être dû au fait que les geeks restent entre eux, dans leur monde. Les acteurs de la Tech seraient-ils des incompris et des marginaux ? J’ai l’impression en tout cas qu’ils apparaissent aux yeux de beaucoup comme des excentriques et des personnes incontrôlables.

Lorsque j’étais en entreprise, j’ai côtoyé quelques personnes du milieu de la Tech et certains sont pour le moins fascinants. J’ai donc voulu faire vivre des personnages évoluant dans cet univers pour rendre les acteurs de cet écosystème et leurs activités plus visibles.

Il m’a semblé également intéressant de voir comment les réseaux sociaux s’immiscent dans notre vie et dans notre quotidien, et ceci sans que nous nous soyons préparés d’une manière particulière. Notre quotidien est désormais fait de buzz et les réseaux sociaux impactent la société en influençant de manière active notre manière de penser, d’être et d’agir. Il faudra sans doute bien réfléchir à la façon dont nous utilisons tous les outils technologiques accessibles aujourd’hui.

LES OBJETS PILLÉS

Il est généralement admis aujourd’hui qu’entre 80 et 90 % des richesses culturelles de l’Afrique se trouve hors du continent. Cela est préoccupant lorsqu’on sait que les objets pillés et emportés vers d’autres cieux constituaient l’âme des peuples et n’étaient pas conçus pour être exposé dans des musées. Le père Engelbert Mveng estime par exemple que ‘Le masque est un costume liturgique conçu et réalisé en fonction d’un rite, d’une cérémonie, d’une célébration dont il récapitule le rôle et la signification dans la vie du peuple. »

Il est indéniable que le départ brutal de ce patrimoine spirituel a traumatisé des peuples et désorienté les individus incapables désormais de s’enraciner dans une identité et d’avoir des repères solides.

De nombreux trafics sur les objets de culte se poursuivre à l’heure actuelle avec l’implication actives de parties prenantes bien organisées. Avec l’envol des prix des artéfacts lors de vente aux enchères et dans des lieux moins officiels, de nombreux appétits sont aiguisés, y compris au sein même des organisations traditionnelles.

C’est ce qui explique que dans le roman, l’histoire se déroule dans un jeu de miroir où l’on suit au présent les aventures des deux principaux personnages, le copywriter chevronné Daniel Mola et la développeuse ingénieuse Halima Alima. Ils font face à une organisation rusée de trafiquants de ressources vitales du peuple Babona. Mais le roi Bongando évoque sans cesse le souvenir de l’objet de culte spolié au cours d’un pillage dans l’histoire douloureuse de la contrée. D’ailleurs, ce souverain, ancien professeur d’université, n’a jamais cessé de réclamer le retour du masque primordial spolié à son peuple et il espère voir de son vivant le retour de l’objet confectionné par ses ancêtres.

EN CONCLUSION

‘Derrière le sourire du masque’ est écrit dans le genre ‘thriller’. Nous devons explorer tous les genres littéraires, en créer d’autres si nécessaire pour dire de la meilleure des façons nos histoires et notre histoire.

Je souhaite demeurer avant tout un storyteller. J’aimerais, en racontant une histoire, que le lecteur s’évade de son quotidien ou de l’instant présent. Mais j’espère aussi que mon lecteur réfléchira avec moi sur une thématique qui peut être importante pour lui ou pour l’humaine condition de manière générale.

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NOUS ET NOS TAMBOURS : Echanges Guadeloupe/Cameroun

July 30, 2022 by jmbarga

par Marie-Héléna Laumuno

NOUS ET NOS TAMBOURS

Retour sur échanges Guadeloupe/Cameroun, dimanche 24 juillet 2022, 10h-12h20

Le panel réunit des Guadeloupéens et des Camerounais représentants  deux peuples frères que l’histoire a installés de part et d’autre de l’Atlantique. Lorsque les membres d’une même fratrie se rencontrent, ils racontent leurs souvenirs passés et évoquent leurs héritages. Les  tambours font partie des héritages communs aux deux peuples indiqués.

Il s’agit de se demander si, de part et d’autre de l’Atlantique, les frères et sœurs  guadeloupéens et les frères  et sœurs camerounais, font les mêmes usages des tambours. Autrement dit, nos tambours ne sont  t’ils que des instruments de musique parmi tant d’autres ?  

Quatre portes d’entrée ( littérature, danse et chorégraphie, école de musique, contes et mots) sont choisies pour stimuler nos échanges introduits par des photographies et des vidéos soigneusement sélectionnées.  

Des œuvres littéraires, en particulier, un tout dernier roman (« Derrière le sourire du masque »,  Proximité, 2021)  dénonçant le pillage des œuvres africaines, nous dévoilent  Joseph Mbarga en auteur engagé et sensible aux pratiques culturelles de son pays . L’écrivain y montre les tambours par Le Ngondo (cérémonie en danses et musiques aux tambours) et  par des oeuvres tambourinaires meurtries par le pillage colonial. Par ailleurs, si le musicien aux tambours se nomme djembiste au Cameroun et en Afrique de l’Ouest plus largement, le créole guadeloupéen a su récemment construire des mots  : tanbouyé , tanbouyèz ou fanm-tanbouyé ( que MHL défend parce que plus fondal-natal) pour nommer le musicien et son homonyme féminin.  Qu’il ou elle s’exerce en Guadeloupe, sur les tambours conventionnels du léwòz  ( rencontre nocturne en chants, musiques et danses aux tambours autour d’un public participant) ou sur le djembé ka  ( depuis les années 1970) ou encore sur des tambours des déboulés ( marche rapide  rythmée aux tambours) du Carnaval, la désignation est la même.  Marie-Héléna Laumuno dresse  un bref portrait des tambours guadeloupéens de racine africaine. Cette auteure, dont l’histoire contemporaine du rapport des Guadeloupéens au  gwoka ( pratique musicale et chorégraphique aux tambours de la Guadeloupe), constitue  l’essentiel de ses publications et travaux de recherche, retrace le parcours du musicien aux tambours. Actif depuis l’Afrique subsaharienne ancienne et sans désignation particulière,  il faut attendre les années 1940 pour que la Guadeloupe attribue à son musicien aux tambours, un nom précis.    

Mobiliser les tambours pour socialiser, canaliser, redonner confiance, construire l’estime de soi envers des enfants déficients ; que de rôles dévolus aux tambours ! Le défunt trompettiste et tanbouyé guadeloupéen Edouard Ignol dit Kafé ( 1941-2017) est évoqué comme pionnier de la thérapie aux tambours et maître inspirant en la matière.  Il convient aussi de faire danser, tous niveaux confondus pour vivre pleinement, sans complexe l’appel des tambours. Ces champs d’action sont principalement dévolus aux artistes  Karine Blonbou et Amidou Nwoundi qui se retrouvent dans une double démarche : soulager tout en valorisant une pratique culturelle.

De même, les tambours sont convoqués pour communiquer  et pour affirmer une identité . Et l’on ne saurait oublier le tambour géant nommé Fondal-Ka  par le Comité International des Peuples Noirs qui l’a fait ériger en 2012 grâce à la souscription populaire. S’imposant par la taille dans le paysage de Duval Petit-Canal en Guadeloupe il répond, curieusement au  tambour d’appel au rassemblement pour une cause guerrière, monument géant en position horizontale de 4m de longueur et 1,5m de diamètre  à Foumban dans la capitale du peuple Bamoun au Cameroun. Et que penser de cet autre tambour géant, du peuple Atchan de la région d’Ébrié en Côte d’Ivoire, connu sous le nom de Djidji Ayokwe, de 3,31m de haut et pesant 430kg, que les Ivoiriens identifient à un « tambour parleur » ? Ce tambour fait partie des œuvres pillées par la France et doit être incessamment rendue à la Côte d’Ivoire. C’est dire que nos tambours sont à la fois des œuvres d’art au service du pouvoir par le passé et du contre-pouvoir aujourd’hui.  

 Tambours pour le deuil en Guadeloupe et au Cameroun, tambours lors des mobilisations  sociales  en Guadeloupe, tambours et sport, tambours pour la fête, tambours objet de culte… tambours au cœur de la vie ! Alors quelle performance est envisagée dans l’apprentissage du jeu tambourinaire ? L’école de musique du tanbouyé et directeur artistique Jimmy Bassien de l’association Lakou Véranda, est localisée dans la ville de Sainte-Anne en Guadeloupe. Elle transmet le chant, la danse et la musique aux tambours à des enfants et adultes et incite  par le léwòz  à  la transmission de terrain. Comme Karine et Amidou, la prise en charge de la déficience intellectuelle  a nourri la motivation de Jimmy.

Tambour pour dire. Yam Narcisse, participant volontaire à l’échange, sollicite depuis quelques années, des témoignages d’acteurs par la radio privée. Ondoa l’Africain et Lukuber Séjor posent des mots sur le tambour, l’un pour conter, l’autre pour marteler un positionnement ( « le tambour a aidé les esclaves à survivre et à se libérer de  l’esclavage  colonial »).

En définitive, comme le fait remarquer Joseph Mbarga, les usages des tambours sont communs à la Guadeloupe et au Cameroun. Les tambours sont des paroles qui vivent sur le même « tempo » de part de d’autre de l’Atlantique. Les tambours sont des médias aux rôles multiples : rassembler, transférer, évoquer, invoquer, guérir… Un champ plus étendu qu’un simple instrument de musique… Bref !

On garde le contact, on se transfère ce qui se fait autour des tambours chez nous et chez vous. On se revoit. On ne se quitte plus !

MHL, 24 juillet, Douville, Ste Anne.

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