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jmbarga

Je Saisis Une Vision Du Monde Où Le Présent Est Le Creuset Dans Lequel Le Passé (hier) Ne Meurt Jamais, Car Il Doit Donner Naissance Au Futur (demain)

March 15, 2024 by jmbarga

Vous avez déjà écrit une dizaine d’ouvrages dans le domaine spirituel et l’approfondissement de la foi, pourquoi avez-vous ressenti le besoin de vous attaquer cette fois à la poésie ?

D’abord merci énormément pour l’intérêt que vous portez à cette modeste publication.

La réponse à votre question est dans le poème sur le Prêtre. Je suis un pont, un lien. Tout ce qui est humain doit être porté à Dieu, et tout l’univers divin doit trouver place dans le monde humain.

Concrètement, j’ai décidé de publier ce recueil de poésie afin de prendre place, comme prêtre, dans le monde de lumière qu’est la Littérature. Les Écrivains, à mon avis, sont des guides véritables, que devraient écouter ceux qui dirigent. Conduire sans les phares est un danger pour tous, de même diriger sans écouter les guides. J’entends ainsi faire entendre ma faible voix dans le chœur de celles et ceux qui éclairent par les paroles et les mots.

Le titre de votre recueil de poèmes ‘YÀÀNI’ est en langue Basa’a. Comment mettez-vous en perspective ce titre avec l’ensemble des poèmes du recueil ? S’agirait-il là d’un syncrétisme culturel ou même d’une inculturation littéraire ? (rires)

De prime abord, il faut dire que je me sers du français comme un véhicule et je compose en écoutant au fond de mon cœur le génie de la langue Basa’a. Comment on dirait ceci ? Comment exprimerait-on telle idée en Basa’a ? Donc j’essaie de laisser résonner la culture Basa’a dans ma pensée.

C’est ainsi que justement le terme Yààni me donne de découvrir tout une philosophie, une vision du monde. Le même terme Yààni désigne hier et demain ! Au-delà d’une apparente pauvreté de vocabulaire, je saisis une vision du monde où le Présent est le creuset dans lequel le Passé (Hier) ne meurt jamais, car il doit donner naissance au Futur (demain).

Je n’oserais pas parler de syncrétisme littéraire, mais plutôt d’une mise en valeur de nos langues nationales, qui nous permettent d’exister, de nous affirmer et de nous rencontrer.

D’une manière plus générale quelle est l’importance du choix du langage et des maux dans votre travail de poète ?

C’est une question difficile pour moi, car je distingue langue et langage. Dans le langage, je mettrais la forme littéraire, qui me permettrait de mieux m’exprimer. Mais d’abord, je refuse de faire de la poésie classique avec la versification selon le nombre de pieds ou de syllabes, parce que je n’en suis pas capable et surtout parce que je conteste l’idée selon laquelle la Poésie soit une invention Gréco-occidentale. Chaque maman qui tient son bébé dans ses bras devient poétesse, comme le mâle qui s’attaque à la forêt vierge de ma campagne au rythme d’une musique intérieure. J’entends monter souvent en moi la voix de ma grand-mère encourageant ses petits-enfants, filles et garçons, en train de quémander la vie à la terre.

Vous comprenez que je ne choisis pas les mots : comme dit dans le poème d’ouverture, je contemple, je me laisse habiter, posséder et pour retrouver ma liberté, je tiens le clavier de mon téléphone et j’écris d’un jet ce que je ressens, quitte à corriger après, une fois sortie de la transe.

Dans la « Blanche colère de Noir » de vos écrits, vous semblez insister sur la nécessité de fédérer nos énergies et de diriger notre regard vers la lumière. Par ailleurs, vous vous appuyez sur nos héros et nos nombreuses références culturelles. Comment ces points d’appui peuvent servir de lanternes pour arriver aux objectifs désirés ? 

Le Futur est préparé, cuit dans la marmite du Présent où se trouve déjà le Passé. Nous ne sommes pas les premiers habitants de ce Triangle, nous ne sommes pas les premiers êtres à semer nos gémissements sur les routes de nos errances ou les champs de nos souffrances. Les combats menés aujourd’hui pour l’existence, la valeur de la vie, la liberté respirée à pleins poumons, ces combats ont été menés par nos Héros qu’on tient à maintenir sous le boisseau de l’indifférence.

Vous savez, on ne se valorise pas en dévalorisant l’autre. Tu ne peux dévaloriser l’autre que parce que tu t’es déjà dévalorisé toi-même.

Nous ne faisons que poursuivre timidement et humblement ces Phares que sont Um Nyobè, Ouandié, Osende Afana, Mveng, Philombe et j’en oublie. Mais nous ne pouvons pas nous relier aux Héros du Passé si, au Présent, nous ne mettons pas ensemble nos petits scintillements individuels pour en faire une Lumière éblouissante qui traverse les écailles de tous les aveugles obstinés. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons vivre, nous battre et vaincre. Aucun être humain n’est une île !

Césaire dit dans Cahier d’un retour au pays natal : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. » En tant que poète de notre époque et dans notre géographie, est-ce que vous vous inscrivez dans une démarche similaire ?

Absolument ! La Parole que je porte est le tonnerre qui brise les rochers séculaires des consciences anesthésiées.

Voyez-vous, le travail le plus compliqué dans la croissance d’un peuple, c’est la transformation de la mentalité. Tout le monde se préoccupe du manque d’infrastructures sanitaires, de la bonne tenue des voiries urbaines, etc. Toutes choses utiles, évidemment. Très peu, cependant, s’intéressent à la construction de l’esprit humain. Sans le développement de la richesse humaine, il n’y aura pas du tout développement, pour le dire avec le philosophe Njoh Mouelle Ebenezer.

Tout en parlant donc au nom de celles et ceux qui n’ont assez de souffle que pour tenir debout, je leur parle aussi pour qu’ils se redressent, se tournent vers la Lumière qui pointe à l’horizon.

Le poète est un devin, et vous êtes un prêtre. L’on est tenté de vous demander quels grands secrets sont enfermés dans notre triangle national pour que ses composantes vous habitent avec tant de force ? Que répondriez-vous à un lecteur qui trouve alors que votre recueil de poèmes distille une poésie du « Hemlè » bien connu chez nous ?

Je suis d’accord avec vous : le poète est un devin, c’est un prophète, comme le prêtre que je suis. Merci d’avoir perçu ce Hemlè qui m’anime, en vrai Camerounais.

En plus de l’amour-passion que j’ai pour le Cameroun, car c’est la Terre où m’a posé mon Créateur, comme lieu de mon épanouissement et de mon salut, je porte en moi cette vision du Cameroun qui est en construction. Les fondations sont jetées par le sacrifice de tous ces Héros dont le Sang irrigue aujourd’hui, dans le silence de l’indifférence et de l’anonymat, l’esprit des Jeunes femmes et hommes. Tout le monde s’agite dans le domaine politique, qui ne nous apportera pas le bien-être. C’est l’humain, passé par le pressoir de la souffrance, et habité par ce Hemlè que rien ni personne ne peut arracher du cœur des Camerounais, c’est cet humain qui va briser le pouvoir de Satan, et faire jaillir la Lumière dont notre pays est porteur…

Quels sont les poètes ou les œuvres littéraires qui ont eu l’influence la plus importante sur votre travail ? Et quels conseils donneriez-vous aux poètes en herbe ?

Mon oncle maternel, qui vit encore, m’a transmis le virus de la lecture. Je ne serai pas honnête si je disais avoir subi l’influence de tel poète ou de tel écrivain. Je suis en train de suivre la route qui m’est tracée. Toutes les lectures faites, comme celle de Ernest Hemingway, de Césaire, Nyunaï (qui a composé des poèmes en Basa’a), de Constant Virgil Gheorghiu, Mveng et autres, ces lectures ont été élevées dans le fût de la Parole de Dieu, dont le Souffle m’habite et me porte.

Quels conseils donner : lire, lire et lire; ensuite écouter le retentissement intérieur du monde extérieur ; enfin écrire, non pas pour être quelqu’un, on l’est déjà, mais pour risquer le partage, aller vers les autres et se laisser accueillir ou ignorer.

Pour finir, un mot sur vos prochains travaux ou projets littéraires et comment trouver votre livre actuellement ?

Le vol de mon laptop a brisé l’élan de mon esprit sur un projet poétique qui me tenait à cœur. En attendant de me remettre dans le sens du Souffle, je travaille à un nouveau recueil, que je soumettrai bientôt à la relecture.

Pour trouver mon livre  s’approcher de moi, de mon éditeur (LA JEUNE PLUME EDITIONS) ou sur Youscribe.

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Pourquoi Faut-il Bâtir un Lieu De Mémoire Majestueux Au Cameroun Pour l’Écrivain Mongo Beti

November 8, 2023 by jmbarga

Avouez-le :

Vous souhaitez de temps en temps sacrifier les bagatelles, vous éloigner du tapage de la vie moderne, être aux antipodes de la frénésie des réseaux sociaux et vous retrouver dans des lieux plus calmes où vous avez l’impression d’entamer un dialogue avec de grands et nobles esprits. En somme d’être en tête-tête avec des personnages légendaires inspirants. Ceux-là qui se sont sacrifiés pour laisser à la postérité un monde plus juste et conforme à leur idéal.

Un espace du souvenir important consacré à la figure illustre de l’écrivain Mongo Beti pourrait être un de ces endroits où nous retrouvons une douce quiétude et où nous élevons notre esprit à une certaine altitude. Or, à ma connaissance, il n’existe pas au Cameroun un lieu majeur du souvenir en l’honneur de notre atypique homme de lettre. Pas de rue portant son nom, point de monument à sa gloire, pas même une université ou une grande école d’envergure qui puisse nous rappeler son œuvre colossale.

Comment donc les nouvelles générations seront au courant de son somptueux héritage ? Comment pourraient-elles lui rendre l’hommage qu’il mérite ? Et puis, il y a le fait que dans un monde en perpétuelle évolution et en mal de repères, ce brillant intellectuel est un point d’ancrage solide. Sans action conséquente, nous laisserons à d’autres pays à travers l’Afrique et le monde la possibilité de récupérer complètement l’icône de notre littérature.

De l’Utilité Des Lieux de Mémoire Pour Une Nation

Toutes les sociétés organisées érigent des statues pour célébrer des personnages ayant réalisé des exploits. Les lieux de mémoire permettent en effet de se souvenir de ceux qui ont répandu une certaine lumière autour d’eux avant nous.

Promouvoir nos diverses icônes dans les domaines où elles se sont illustrées, c’est construire nos références et garder nos valeurs tout en actualisant de manière perpétuelle nos modalités d’existence.

Partout, dans nos villes et dans campagnes, nous devons intégrer la glorification artistique avec de grands édifices symboliques dédiés aux hommes et aux femmes qui ont marqué notre histoire. Mongo Beti lui-même, qui a tant fait vivre Ruben Um Nyobé dans une partie importante de son œuvre, savait mieux que quiconque l’importance de valoriser nos héros, de les mythifier même, lorsque la cause à entretenir est d’une suprême importance.

De La Nécessité De Diffuser Le Savoir Partout

Il faut sortir la littérature des endroits convenus. Chez nous plus qu’ailleurs, pour toucher le plus grand nombre, les livres ne devraient pas seulement se retrouver dans les bibliothèques et dans les librairies.

La distinction spécifique de certains destins des nôtres peut contribuer à diffuser facilement le savoir partout en insistant sur la singularité des voix et des voies. Dans ce contexte, nous devons marquer un intérêt naturel pour Mongo Beti que beaucoup considèrent comme l’un des plus grands écrivains d’Afrique.

Sachant que l’art romanesque de notre auteur était du côté du réalisme et clairement dans une posture en faveur du petit peuple, c’est en toute logique qu’on devrait trouver des moyens de rapprocher l’illustre homme de ces ‘petites gens’. Pourquoi ne pas construire alors une grande statue au géant des lettres dans un quartier populaire ? Il y serait parfaitement à l’aise !

Mongo Beti : Monument de la Littérature Camerounaise Au Sens Propre

Mongo Beti a touché à de nombreux champs de la littérature et de la pensée. Il fut journaliste, polémiste, éditeur, nouvelliste, romancier et j’en passe. Au vrai, chacune de ces facettes mériterait que l’on s’y attarde pour comprendre le message que nous transmet encore l’auteur aujourd’hui. La découverte de cet écrivain majeur est exaltante, soit qu’on cherche à cerner l’homme qui s’est organisé tout au long de sa vie pour rester fidèle à ses valeurs, ou que l’on veuille découvrir son impact dans chacun des domaines auxquels il a consacré son temps.

Disons-le sans fard : Mongo Beti est un personnage à part de la littérature camerounaise. En quelques décennies, il a légué à la postérité des chefs-d’œuvre avec une remarquable énergie qui infuse chacun de ses ouvrages.

Les Indéniables Atouts En Faveur de Mongo Beti

Il existe un matériau abondant et profond sur Mongo Beti de manière à ce qu’il soit facile de constituer pour lui une expérience de découverte riche et féconde. On n’aura pas besoin d’aller chercher d’hypothétiques études dans des pays très lointains pour retracer la vie du brillant homme. La preuve ? Il suffit de taper le nom de l’auteur sur un moteur de recherche pour trouver une myriade de livres qui étudient son œuvre sans discontinuité.

Après avoir été longtemps incompris, critiqué et combattu, Mongo Beti est aujourd’hui un repère incontestable grâce à une œuvre littéraire inaltérable et présente partout. L’écrivain y développe les différents points de sa vision, une vision acérée sur la vie dans nos géographies et dans un monde complexe et aux multiples facettes.

De La Possibilité d’Une Matérialisation Créative

L’espace à consacrer à Mongo Beti par la postérité devrait évidemment se focaliser sur l’héritage du penseur hors du commun et de l’écrivain de génie ; l’endroit étant un lieu d’inspiration, d’éducation et d’ouverture au monde.

La matérialisation d’un tel espace nécessite une déclinaison robuste et créative. Elle pourrait par exemple prendre la forme d’un musée littéraire et d’un centre culturel avec divers parcours sur la vie de l’écrivain et sur ses œuvres. Voilà comment on stimulerait des conversations entres les visiteurs, les conférenciers et autres auteurs invités ainsi que des apprentis écrivains. L’offre de visite aurait des ramifications significatives sur le terrain du visuel avec un site internet fiable et des canaux de réseaux sociaux.

Il pourrait tout aussi être intéressant de construire une vaste bibliothèque, une sorte de bibliothèque nationale qui porterait à merveille le nom du talentueux écrivain. Nous ferions alors d’une pierre deux coups avec ces actions fortes !

 

Les lieux de mémoire sont là in fine pour permettre à une nation d’avancer sereinement comme un arbre ancré au sol par des racines solides qui peut dès lors envoyer ses branches loin dans le ciel. Les personnes illustres qui parsèment l’histoire sont quelques-unes de ces racines. Leurs efforts, leur détermination et leurs sacrifices méritent reconnaissance et hommages.

Grâce à une œuvre herculéenne, le géant des belles-lettres camerounaises Mongo Beti fait indéniablement partie de ces grands hommes pour lesquels nous devons bâtir des lieux mémoriels capables de cristalliser une vie exemplaire. Ce ne serait là qu’une étape pionnière : nous avons encore tant de nos héros à honorer !

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Depuis Le Début Des Exactions Du Groupe Terroriste Boko Haram Sur Les Populations De l’Extrême-Nord, L’idée M’est Venue D’écrire Sur Ce Sujet

June 30, 2023 by jmbarga

Comment l’ingénieur HSE que vous êtes a développé une passion pour les mots et la littérature et quels ont été vos plus grands défis lors de la rédaction de votre roman ?

Merci pour cette opportunité que vous m’offrez de répondre à cette question on ne peut plus récurrente, sur les lèvres des lecteurs qui me découvrent. Ma passion pour la littérature est née avant mon adolescence. Dès ce moment déjà, j’étais un lecteur invétéré. Je lisais de tout. Des BD jusqu’aux journaux de mon père de regrettée mémoire, en passant par des romans que j’avais le bonheur d’avoir sous la main. C’était bien avant le rêve récent de devenir ingénieur HSE. De cet amour pour la lecture est né un monstre qui me hantait jour et nuit. Le monstre de l’écriture, pendant mes années de lycée. Des années pendant lesquelles je produisais des textes qui ne sortaient pas du périmètre de ma chambre. Mais depuis le début des exactions du groupe terroriste Boko Haram sur les populations de l’Extrême-Nord, l’idée m’est venue d’écrire sur ce sujet ; notamment à propos du sort peu enviable des réfugiés et déplacés internes.

Toutefois, j’ai rencontré d’énormes difficultés lors de la rédaction de ce roman. Je n’avais personne pour me conseiller, ni pour m’aider à respecter ou suivre certains codes de l’écriture. J’avais aussi d’énormes difficultés lors des recherches. J’ai écrit davantage avec mon cœur qu’avec mes doigts. Après environ quatre années de recherche et de rédaction, j’ai pu mettre un point final sur le manuscrit. À ce moment seulement, j’ai eu le bonheur d’avoir des proches et amis qui m’ont aidé avec la bêta-lecture.

 J’ai un peu galéré pour trouver la voie qui mène vers les maisons d’édition (ne connaissant pas les rouages du métier d’écrivain). Mon autodidaxie avait des limites (rires), la difficile période Covid 19 était passée par là… En plus ce n’est pas évident pour un jeune écrivain de trouver une maison d’édition qui lui fera facilement confiance. Avec abnégation, j’ai cherché, avec foi, j’ai patienté, et enfin avec joie, j’ai obtenu une belle collaboration avec Les Lettres Mouchetées, maison d’édition qui a donné naissance à Peau de misère.

D’où est venue la première graine de l’idée de ce livre ? Quelle idée vous habitait sans cesse et qui a conduit à la création de cette histoire ?

Comme je l’avais évoqué tantôt, l’idée d’écrire cette histoire m’est venu après les premières exactions de la nébuleuse Boko Haram. De voir des réfugiés et des déplacés internes dans un état pitoyable, m’a poussé à me lancer dans l’écriture d’un roman, un vrai, qui devait sortir du secret de ma chambre d’étudiant.

Deux événements m’ont particulièrement marqué et décidé à faire parler ma plume. Le premier déclic a été de voir une jeune mère en pleurs portant dans ses bras son bébé. Déboussolée, elle demandait de l’aide aux passants. Elle avait perdu son mari quelques jours plus tôt lors d’une attaque de sa localité près de la frontière nigériane.

Le deuxième événement, je l’avais vécu quelques jours plus tard. Alors que je me rendais au terrain de foot dans mon quartier Doualaré, (l’un des quartiers populaires de la ville de Maroua qui abrite plusieurs réfugiés et déplacés internes) j’ai eu la tristesse de vivre une scène. Des gamins jouant au foot huaient l’un d’eux, l’empêchant de jouer avec eux. Des insultes fusaient : ‘’va-t’en Boko Haram’’, ‘’fils de réfugiés’’. J’appris par la suite qu’il était traité ainsi pour le simple fait qu’il soit réfugié.

De ces événements sont nées mes idées d’écriture de mon roman.

Il y a de nombreux faits assez précis dans votre roman. Avez-vous mené un travail minutieux de recherche ou l’histoire est davantage issue de votre imagination ?

Je dis d’emblée que l’histoire dans sa grande partie est issue de mon imagination. Mes nombreuses lectures depuis des années ont nourri mon imagination. Néanmoins, certaines scènes qui ont servi à meubler les péripéties de mon roman, sont inspirées d’événements réels, notamment ceux relayés par la presse locale et internationale. Je pense à l’enlèvement de jeunes collégiennes de Chibok au Nigéria, ou des attentats à la bombe dans la ville de Maroua.

Votre roman est dense et aborde une multitude de thèmes. Pouvez-vous nous en rappeler quelques-uns et la raison pour laquelle ils ont particulièrement retenu votre attention ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’explorer ces thèmes dans le cadre d’une fiction ?

Une multitude de thèmes jalonnent le roman Peau de misère. L’insécurité occupe la première place. Celle-ci est créée et entretenue par la secte terroriste Boko Haram. En outre, il y a la double peine des réfugiés et déplacés internes qui provient de cette insécurité. Les victimes de l’armée du mal qui cherchent un havre de paix dans des contrées jugées sûres, sont très vite rattrapées par une réalité bien triste : leur discrimination par les populations hôtes.

 J’ai aussi abordé le thème de l’extrême pauvreté et de la sous-scolarisation qui sont des agents vecteurs de l’insécurité évoquée plus haut.

Enfin, d’autres maux sociaux comme la justice populaire, le délit de faciès, l’exode rural, le viol, la violence conjugale, le mariage forcé et le mariage précoce sont évoqués.

 Ces thèmes ont particulièrement retenu mon attention parce qu’ils sont d’actualité. En outre, ce sont des maux sociaux qui dépassent largement le cadre géographique de mon Extrême-Nord natal où se déroule la plupart des scènes de ce roman. Des réfugiés, on en trouve partout : l’Est de la RDC, dans les deux Soudans, dans la partie anglophone du Cameroun (que j’ai aussi évoqué dans mon roman), et même en plein cœur de l’Europe (avec le conflit Russie-Ukraine), etc.

 Il en est de même pour la pauvreté, la sous-scolarisation, les violences faites à la femme, la condition pitoyable de la veuve et de l’orphelin. Ce sont des choses qui nous touchent, de près ou de loin. Et naturellement, ça parle à ma sensibilité. C’est le canal par lequel je sensibilise et lance des cris d’alerte pour dire stop aux guerres, stop à la discrimination, à la stigmatisation, et à toute sorte de violence.

Comment avez-vous réussi à trouver le bon équilibre entre votre activité professionnelle et l’écriture ? Y a-t-il des astuces qui vous ont aidé à vous mettre dans le bain lorsque vous avez trouvé des moments pour travailler sur votre livre ?

Quand j’écrivais mon livre, j’avais eu une grâce relative d’être en chômage (rires). Pendant un peu plus d’un an, je me suis consacré uniquement aux recherches et à la rédaction de mon manuscrit, jusqu’à l’obtention d’un emploi. Mais je parvenais à trouver tant bien que mal un certain équilibre entre mon activité professionnelle et l’écriture. À des moments, j’étais très inspiré, je vivais de moins en moins le syndrome de la page blanche, ce qui me permettait d’avancer peu à peu malgré mon emploi du temps chargé.

De ce fait, quels conseils donneriez-vous à celui ou celle qui se lance dans l’écriture d’un roman ?

Je n’ai qu’un conseil qui me vient d’emblée à l’esprit : la lecture. Celui ou celle qui veut se lancer dans l’écriture doit lire. C’est ce que ma faible expérience me permet de donner comme conseil aux futurs auteurs et autrices. Celui ou celle qui n’aime pas lire ne peut pas prétendre écrire quelque chose de bon. Après, c’est un avis personnel et discutable. Mais c’est ma conviction. Pour ma part, j’ai écrit parce que j’ai lu. C’est ma façon de rendre au livre ce qu’il m’a donné. En outre, écrire demande de plonger dans la lecture de divers styles de romans ; ce qui permet d’enrichir et de diversifier notre vocabulaire.

S’il y a d’autres conseils à donner, c’est de faire le choix d’un objectif minimal. Par exemple, écrire 100 à 150 mots par jour. Mais aussi savoir se libérer de toute sorte de distraction pendant ces phases d’écriture. Avoir foi en ce qu’on écrit et demander conseil auprès de ceux qui ont une certaine expérience dans le domaine.

Pour finir, qu’espérez-vous que ce premier révèle de vous en tant qu’auteur et que pouvons-nous attendre de vous à l’avenir ?

 J’espère que mon premier livre éduque, sensibilise, lance un cri d’alerte et surtout serve de miroir à des personnes qui par ignorance ou par quelques méchancetés jugent, stigmatisent, discriminent le réfugié, l’inconnu. Mais avant, que ce livre donne espoir à ces personnes traumatisées par la guerre. Puisque mon roman Peau de misère porte sur les réfugiés, j’irai loin pour rêver avec l’auteur palestinien Gulwali Passarlay (que j’aime tant citer) qui dit : “ si je fais un seul rêve, c’est celui-ci : que, dans le futur, un enfant lise ce livre et demande: “ c’est quoi un réfugié ?”

 Comme auteur, j’espère de tout cœur faire partie de ces écrivains qui œuvrent pour le bien- être des opprimés. Un auteur qui apporte sa modeste pierre à la construction difficile mais possible d’un monde sans injustice, sans discrimination. Je veux qu’on se souvienne de moi comme d’un auteur engagé pour de causes nobles.

Pour l’avenir, je promets de ne pas m’arrêter à ce premier livre. Si Dieu le veut, Peau de misère ne sera que le premier livre d’une très longue série.

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My Book Covers Very Sensitive Taboo Topics That Most People Don’t Like To Discuss Openly, Thereby Causing A Lot Of Frustrations And Trauma

June 3, 2023 by jmbarga

Your book ‘Taboo Life’ has just been published simultaneously in French and English, and it is already a great success. Could you tell us what it’s about and what themes it deals with?

First and foremost, thank you Joseph for offering me the opportunity to talk about my first book that tells the true story of my life in Cameroon as a child and young adult.

The book covers very sensitive taboo topics that most people don’t like to discuss openly, thereby causing a lot of frustrations and trauma. Some of the topics covered are: sexual abuse including a double rape, early pregnancy, abortion, single parenthood, betrayal, love quest, relationship with a married man

What made you decide to talk about those experiences in a ‘Roman à clef’?  

A roman a clef allows an author to talk about real people and events with fictitious names. This was the best way to tell the true story of my life growing up in Cameroon without having to obtain legal approval from all the parties involved.

Now that you are a woman of influence. If you could inspire a movement that offers solutions in the fight against sexual violence, what would that be? 

That is an excellent question. I would call it the SPEAK UP MOVEMENT. This book was published for four main purposes all related to the fight against sexual violence:

1- For my own therapy, so that I could find healing in the process of telling my story

2- For other victims therapy, so that by reading my story, they could be inspired to speak up as well and find hope to survive and thrive but also to heal from their own trauma.

3- For the world to start discussing those sensitive topics rather than keeping them a taboo, and thereby creating more awareness so people can learn how to avoid certain dangers, how to react when certain things happen to them, and possibly help deter those who may be tempted to cause more victims.

4- Most importantly, all the proceeds of the book will help build a SUCCESS CENTER where volunteers and other specialists will educate, support and empower people who may find themselves in the vulnerable situations described in the book.

Can you share the most compelling story that happened to you since you published your book and that reinforces your decision was good to tell your story? 

Yes, it took me years of hesitations to finally publish this book and I am glad I did because I am heartbroken but also relieved when I see the overwhelming number of messages I receive from people who were sexually abused and could not speak up. After a book signing event, a lady about 60 years old walk up to me, in tears, saying that my story broke heart but she is glad I wrote about it because it will open the conversation so that more victims can speak up. She mentioned that she was a victim herself at a young age and that recently her two daughters came to her after reading the book and told her that they went through the same experience. She just wanted to thank me for helping others heal with me and for raising awareness on such a sensitive topics, to equip the younger generation so they can better avoid or tackle such situations.

The story ends when you leave for the USA. Did this step mark the end of your challenges? If not, do you envisage a sequel to your book?

Moving to the USA may have marked the end of sexual violence for me but opened the door to other challenges that will inspire those who will read the sequel that I am currently working on.

What advice you wish someone provided you before starting your journey to a successful businesswoman?

I wish someone told me the level of hardwork and resilience it will require but most importantly I wish someone told me the importance of having a mentor, because that would have definitely expedited my success.

How can we get your book here in Cameroon, and do you plan to come and discuss its relevant themes with us? 

I will be on a book tour in Cameroon very soon, the dates are not yet set but to keep up with my updates, I recommend that everyone follows my Facebook page @CoachLisaPrudy and my Youtube Channel.

The book is currently available worldwide on Amazon: https://amzn.to/3AgTBrL

In Yaounde at Librairie des Peuples Noirs.

In Douala, at our office Keywords 4 Success Douala, opposite ORCA store.

Whatsapp: (237) 91 24 31 43 for orders and we can deliver nationwide in Cameroon.

Thank you.

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La Diaspora Préfère Considérer Le Cameroun Comme Un Pied- À-Terre. Dommage, Car Les Opportunités Sont Enormes Dans Un Pays En Friche, Où Tout Est À Faire.

May 11, 2023 by jmbarga

Les causes des migrations dans le monde ont-elles évolué selon vous ? Quel est selon vous le poids de l’aspect économique dans la décision de s’expatrier.

Oui bien sûr ! Avant nous allions en Europe pour étudier. Le départ en Europe était même l’occasion pour les familles de se retrouver pour dire au revoir à celui qui s’en va avec l’assentiment de la famille. Aujourd’hui, la donne a carrément changé. La situation économique désastreuse en est la principale cause : le chômage, le manque d’argent et surtout la perte de l’espoir de s’en sortir un jour, de voir le bout du tunnel. Le paradoxe, aujourd’hui, est que même les personnes ayant une situation plutôt enviable, au-dessus de la moyenne aussi s’en vont. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas la paix psychologique. Lorsqu’on vous coupe l’eau ou l’électricité, même avec votre argent, vous subissez les mêmes désagréments que les autres. Si vous êtes malade, la prise en charge est la même sauf si vous allez dans les cliniques privées et encore ! Le plateau technique peut être défaillant.

Et puis il y a la perception de l’occident qui reste l’eldorado ; avec l’avènement d’Internet, les images de l’étranger défilent à longueur de journée et il y a aussi les appels d’offres des structures privées qui se spécialisent dans ce secteur juteux et vous promettent de voyager.

Dans un monde de plus en plus ouvert, mais dans lequel on peut noter aussi une tendance à certaines formes de replis, comment définiriez-vous l’identité d’un être humain ?

Une identité plurielle, mais avec toujours la sauvegarde des valeurs issues de nos origines. Nous ne devons jamais oublier d’où nous venons. Rester connecté avec la terre d’Afrique mais toujours apprendre des autres.

Lorsqu’on va en terre étrangère, l’on a tendance à se rapprocher des personnes qui nous ressemblent. C’est humain. Maintenant, il faut juste gérer cette dualité sociétale et accepter que le monde évolue en bien mais aussi en mal. Trouver un équilibre.

Dans votre ouvrage Le Cadenas, Cahier d’un Détour au Pays Natal, la thématique des visites et des retours au continent berceau de l’humanité pour la diaspora africaine est centrale. À votre avis, qu’est-ce que par exemple le Mboa  a de si particulier qui fait que la dame Ewodi de l’île du Wouri (ou tout.e autre camerounais.e) ressente l’appel du pays partout où elle se trouve dans le monde ?  

Pour les enfants qui sont nés à l’étranger, c’est un autre débat. Mais pour ceux qui sont nés au pays, qui y ont acquis les fondamentaux, les bases d’une certaine éducation, il y a comme une « dette », une sorte de reconnaissance et il faut renvoyer l’ascenseur. Il ne faut pas se mettre la pression, mais il faut savoir que l’appel de l’Afrique doit aussi être un choix. Il y a des personnes qui ont été en situation précaire en Afrique et qui pour rien au monde ne voudraient rentrer, car elles sont parties pour sauver leur famille. Et il y en a d’autres qui n’ont pas ce problème ! Alors pourquoi ne pas rentrer ?

Dans tous les cas, que ce soit pour un Détour ou un Retour, l’essentiel est de savoir que malheureusement à cause des manquements de ceux qui nous dirigent, nos familles, notre pays a besoin de nous. Vous n’allez pas laisser mourir votre frère ou votre cousin restés au pays sous prétexte que c’est à l’état de prendre ses responsabilités. C’est vrai que l’état est le garant des biens et des personnes mais s’il est défaillant, que faire ? Soutenir, s’entraider reste la solution.

Qu’est-ce qui vous paraît le plus difficile aujourd’hui pour une personne de la diaspora dans la décision de rentrer s’installer définitivement au Cameroun ?

Lorsque l’on interroge la diaspora, c’est presque toujours le problème de la santé et la prise en charge en cas de malaise…

La Diaspora compare (et c’est son droit) le confort sanitaire  qu’elle vit à l’étranger et l’offre de soins qui lui est proposée au pays. Il n’y a pas photo ! Et la réticence est d’autant plus grande s’il y a des enfants.

Il y a aussi le côté professionnel. Au-delà de l’argent, si vous n’avez pas les outils indispensables pour travailler, ça devient compliqué. Il faut beaucoup de courage et d’abnégation ! Mais aujourd’hui, les gens sont fatigués de se battre pour du vent.

Du coup, le retour définitif est compliqué et dans mon ouvrage, je parle de Détour. La diaspora préfère considérer le Cameroun comme un pied-à-terre. Dommage, car les opportunités sont énormes dans un pays en friche, où tout est à faire.

Il y a cette anecdote dans votre récit où vous parlez de la dédicace de l’un de vos ouvrages au cours de laquelle il n’y a eu qu’un maigre public. Quel est selon vous l’état de la littérature au Cameroun ?

 (Rires)

Au Cameroun, c’est le football qui est roi. Il mobilise les passions collectives.

Après, il y a l’alcool ! Voilà les ingrédients réunis pour festoyer.

Il y a un construit savamment élaboré.

Du coup, les livres concernent une élite qui s’approprie l’espace spirituel du peuple qui est donc dans de bonnes prédispositions pour être manipulé.

Le jour où je verrais les bibliothèques, les évènements littéraires aussi courus que les matchs de football, je ne sais pas…je ne veux rien promettre.

Maintenant, est-il encore nécessaire de parler du rôle de l’état ? Des organismes dédiés comme la SOCILADRA…

La littérature est le parent pauvre de l’ART parce qu’aujourd’hui, c’est le pouvoir de l’argent qui se justifie. Vous pouvez être un parfait cancre mais si vous avez de l’argent même mal acquis, vous êtes vénéré et vous conservez un vrai pouvoir de nuisances. Votre intérêt ne sera jamais de valoriser ce qui contribuerait à élever vos semblables mais à les maintenir dans un état de dépendance financière et spirituelle.

Vous aimez les jeux de mots, vous utilisez à profusion les expressions locales dans votre récit. Avec le recul que vous avez eu en passant un certain temps hors de votre pays natal, pensez-vous que la langue utilisée au quotidien peut donner des indicateurs importants sur la société ?

Oui surtout que la langue française évolue. Elle est parlée différemment en côte d’ivoire, au Congo ou au Cameroun. C’est une langue vivante et l’appropriation spatiale de celle langue par les africains doit être prise en compte. J’écris pour être lue, entendue et comprise, pas pour que les gens consultent le dictionnaire à chaque mot.Une langue est un indicateur social selon que l’on soit au marché ou dans des salons huppés. Il faut s’adapter à l’environnement qui nous entoure. Au Cameroun, on répond à une question par une question…On utilise des spécificités que seuls les camerounais comprennent. C’est un refuge. Dans mon récit,  il m’a semblé important de faire corps avec le peuple qui est ma principale source d’inspiration.

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