On en a tous besoin de temps en temps.
Un zeste d’énergie pour rester concentré ou pour reprendre une tâche prenante. Cela vaut pour le travail au bureau mais aussi pour la rédaction d’un post de blog, d’une nouvelle ou d’un roman.
Il peut être utile alors d’avoir à portée de main quelques citations stimulantes pour ne pas regarder la feuille blanche et l’ordinateur en ennemis jurés. J’ai rassemblé quelques citations d’auteurs que j’aime (ou que j’envisage de découvrir) pour ces instants où il faut continuer à rester ami-ami avec le stylo ou le clavier d’ordinateur. Trouver un sens au travail en cours. En attendant que la passion revienne carrément…
CHINUA ACHEBE – ECRIVEZ VOTRE HISTOIRE
« Si vous n’aimez pas l’histoire de quelqu’un, écrivez la vôtre. »
C’est vrai que dans cette citation, l’histoire pourrait revêtir plusieurs acceptions. Mais on privilégiera ici l’idée d’une œuvre de fiction. Qui n’a jamais été déçu de lire une histoire sur laquelle il a placé de nombreux espoirs à cause d’un résumé captivant, d’une présentation alléchante, du lieu mystérieux dans lequel elle se déroule ou des personnes avenants qu’on est sensé trouver dans les événements qui se succèdent ? A la lecture, les personnages sont peut-être là, on est emporté par le lieu, mais au final on est quand même déçu par la lecture. L’auteur n’a pas nécessairement délivré une suite d’événements insignifiants.
En fait, on attendait une autre histoire, celle qui nous aurait donné d’autres informations, procuré des émotions différentes et une autre vision du monde.
Parfois, il se peut aussi que le livre spécifique dont a besoin à un moment précis ne soit pas encore disponible, même si cela semble difficile à croire avec les myriades d’œuvres littéraires déjà produites à travers le monde.
Dans un cas comme dans l’autre, il revient au lecteur insatisfait et frustré de combler les trous qu’il a décelés et d’écrire l’histoire qui n’existe pas encore, à moins de compléter les manquements constatés dans celle qui existent déjà. Car, si on a pu ressentir de la frustration pour une carence, c’est qu’on n’est pas seul. C’est donc l’occasion idéale de satisfaire tous ceux qui ont le même besoin, de façon consciente ou non. Stimulant, non ?
NGUGI WA THIONG’O – ECRIVEZ EN LANGUES LOCALES
« It was a revelation for me, in a practical sense, that you could write in an African language and still reach an audience beyond that language through the art of translation.»
L’écrivain choisit la langue dans laquelle il écrit. Cela fait partie de la palette d’outils dont il dispose pour s’exprimer, pour créer. Il opte pour la langue dans laquelle il s’exprime le mieux, ou celle qui pourra lui permettre de bien formuler l’histoire à raconter, compte tenu des contraintes qu’il s’est fixé. On a pu voir ainsi des écrivains passer d’une langue à une autre à un moment donné de leur vie artistique, sans doute parce que cela correspondait à un besoin ou à une nécessité.
Ngugi wa Thiong’o, l’auteur de la pensée, explique dans son livre Décoloniser l’esprit que ” c’est avant tout par la littérature écrite et la littérature orale qu’une langue transmet les représentations du monde dont elle est porteuse.” Dans ce contexte et pour le cas des Africains, il est logique que des auteurs qui ont grandi en utilisant leur langue maternelle puissent dire, présenter et représenter leur monde de façon naturelle dans cette langue. Ngugi, lui-même, écrit en anglais et en kikuyu. C’est un véritable encouragement pour les auteurs africains à tenter de plus en plus l’expérience d’une écriture en langues locales. Les œuvres produites seront ensuite traduites dans d’autres langues. Nul doute que de nombreux écrivains pourront trouver là toute l’énergie pour présenter une vision du monde forte directement puisée à la source de leur être et de leur héritage.
SEMBENE OUSMANE – ECRIVEZ POUR DEFENDRE UNE CAUSE
«Tu aspires à devenir écrivain, tu n’en seras jamais un bon, tant que tu ne défendras pas une cause.»
Avec cette réplique d’un personnage du Docker noir, On se plonge dans l’éternel débat entre les partisans de l’art pour l’art et ceux de l’art engagé. Dans le dernier cas, l’artiste de façon général et l’écrivain africain ne saurait donc seulement retranscrire le beau.
Il est indéniable que l’on retrouve une force certaine en lisant des écrivains qui sont habités par une cause et qui la défendent dans leurs écrits, même si l’on se plonge généralement dans une œuvre de fiction pour l’histoire qui est racontée ou des personnages fascinants.
Le conseil et l’encouragement pour l’écrivain, c’est donc de se saisir d’une cause qui lui tient à cœur, avant même d’entamer le voyage de l’écriture qui peut être ardu à certaines occasions.
C’est à cette condition qu’il trouvera les ressources pour se remettre encore et toujours au travail et délivrer un résultat abouti. Il est admis en effet que, dans le cadre de la rédaction d’une œuvre de fiction, l’écrivain suivra parallèlement à ses personnages, un certain cheminement personnel.
MONGO BETI- ECRIVEZ POUR VOS SUCCESSEURS
“[…] je suis un écrivain africain, et ma mission historique est de préparer la voie aux écrivains africains mes successeurs, afin qu’ils puissent, eux, écrire librement et dans le bonheur.”
Mongo Beti est reconnu comme l’exemple-type de l’écrivain engagé. Un engagement qui s’inscrit dans une quête de liberté absolue pour l’Africain. Et, en droite ligne de ce combat, l’écrivain s’assigne dans l’extrait plus haut une mission sous-jacente : ouvrir la voie, déblayer le chemin aux générations futures d’écrivains africain. Ces futurs auteurs pourraient aborder des thématiques plus légères, plus “joyeuses” le cas échéant comme leurs congénères à travers le monde. Mais le préalable, pour le romancier africain, est de liquider à travers sa plume les divers “drames traversés par son peuple ces dernières décennies”.
En tant que l’un des pionniers des lettres africaines, Mongo Beti n’a pas, selon lui, eu d’autres choix que de s’attaquer à des thématiques comme l’aliénation culturelle ou le sort des résistants lors des luttes pour l’indépendance. L’évidence était d’écrire pour contester l’iniquité de l’ordre établi et travailler ainsi à l’avènement d’un monde meilleur.
C’est clair que cela fut une sorte de pari sur l’avenir. Aujourd’hui, les événements et la situation dans nos géographies donnent aux intuitions du visionnaire et à ses actions.
Pourquoi l’écrivain africain d’aujourd’hui ne trouverait-il pas dans les paroles de Mongo Beti ce petit boost qui pourrait lui faire défaut à certains moments ?
Qu’est-ce qui donne le plus de force et de motivation pour entamer ou poursuivre un travail d’écriture ? Un sujet passionnant, des modèles que l’on cherche à imiter ou la défense d’une cause qui tient à cœur. La liste est longue, c’est indéniable. On choisit les outils et les astuces qui permettent de s’atteler à la tâche avec passion et d’y revenir en cas coup de barre créatif. Certains grands auteurs africains peuvent aider avec leurs paroles fortes et leurs écrits énergisants.