
PLÉONEXIE
La pléonexie est le désir d’avoir toujours plus. La feymania correspond donc à la forme actuelle et locale
de cette avidité sans frein. À partir du moment où un individu cherche à avoir plus que ce qui lui revient,
c’est la porte ouverte à toutes les formes de filouterie, de canaillerie et finalement de disruption négative
au sein de la cité.
Le feyman use en effet de faux-semblants sur le dos d’autres individus pour capter ce qui leur appartient.
Cela a pour corollaire dans certaines circonstances l’accaparement du bien commun. L‘avidité effrénée
peut avoir pour origine la réification en archétypes absolus de réussite de certains modèles questionnables dans notre société aujourd’hui, car au final, chacun peut observer que ces dérèglements mènent à des
impasses.
HUBRIS
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les personnages du recueil de nouvelles ‘Contes de fey du
continent’ sont habités par le syndrome de l’hubris, c’est-à-dire à cette démesure qui a pour soubassement l’égoïsme. Par conséquent, le regard qu’il porte sur eux-mêmes et sur la réalité environnante est déformé. Voilà comment il est possible de passer assez vite du rationnel à l’irrationnel et du ‘comique au cosmique’ selon la formule de Vladimir Nabokov.
Les attitudes excessives : arrogance, prétention, manipulation, abus de pouvoir ou transgression
deviennent le lot commun de la vie dans la cité. Avec cela, la citation de Dostoïevski ci-après est plus que
jamais d’actualité : « C’est en réfléchissant sur les réalités actuelles les plus insignifiantes en apparence
qu’on se fait une opinion sur les tendances de son temps, sur les dangers à combattre et sur les infinies
complications de la nature humaine. »
TOPONYMIE
Parlant de réalités apparemment insignifiantes, s’il y en a une sur laquelle on peut s’attarder, ce sont les
noms que l’on donne spontanément aux lieux dans nos villes. En suivant les faits divers dans nos quartiers, l’on en vient parfois à se demander s’il n’y a pas une prédestination ou alors une espèce de fatalité à ce que certaines histoires se déroulent précisément à certains endroits.
Par exemple, qu’est-ce qui peut bien se passer à ‘Trois Voleurs’ ou au ‘Carrefour J’ai raté ma vie’ ? Mais là
aussi, certains noms populaires attribués de manière informelle à des lieux de nos cités montrent en réalité une admiration ou une sacralisation de certaines antivaleurs quand cela ne correspond pas à des variations de défaitisme intériorisé.

Le recueil ‘Contes de fey du continent’ est ainsi constitué d’histoires qui se déroulent à des endroits
singuliers ; c’est une petite promenade dans certains coins de la ville de Douala où l’on trouve des histoires comiques à foison.